Archives mensuelles : janvier 2016

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Du hasard à l’impuissance, une histoire sommaire de l’action stratégique (6)

La montée aux extrêmes ou le « tout stratégique »

Au tournant du XXe siècle, les organisations se sont solidement installées au cœur du pouvoir. Mais elles ont hérité deux caractéristiques du système précédent et des Lumières qui les poussent aux excès : la verticalité et l’idéologie. Chacune d’entre elles croit détenir la vérité ou au pire la servir. Chacune d’entre elles est hiérarchisée au point de concentrer tous les pouvoirs aux mains d’un seul homme. L’incarnation d’une idéologie à travers un homme servi par une organisation, telle est la dynamique explosive qui va provoquer les éruptions de violence du XXe siècle. Lire la suite

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Situation de la France

Pierre Manent – Desclée de Brouwer, 2015

« Les nations sont de grands êtres embarrassés, lents à se mouvoir et reportant sans cesse le moment de réfléchir et de décider. L’inertie est leur règle. Les citoyens pourtant travailleurs, réfléchissent, décident, investissent, que ce soit dans leurs familles, leurs associations ou leurs entreprises. Tant d’efforts individuels et collectifs parviennent rarement pourtant à modifier de façon perceptible la course ou la physionomie du gros animal. Les sociétaires consacrent une grande part de leur énergie à s’instruire et s’éduquer, mais il semble que l’être qu’ils forment ensemble n’apprenne point. Une seule chose en vérité paraît susceptible d’éduquer les nations, c’est l’expérience politique quand celle-ci est suffisamment brutale, pénétrante, bouleversante. De loin en loin, la guerre ou la révolution, ou tel autre « accident extrinsèque », comme disait Machiavel, force les membres d’une nation à « se reconnaître », à ressaisir les rênes d’une vie commune qui s’effilochait. Dans la crainte et l’espérance, chacun maintenant est saisi par la chose commune que la guerre menace de ruiner ou que la révolution bouleverse. Chacun en décidant pour soi décide pour le Tout ; en décidant pour le Tout, chacun décide pour soi. Les choix faits lors des heures ou des semaines décisives hanteront longtemps les vies individuelles comme la vie de la nation à laquelle en vérité ces décisions donnent sa forme pour plusieurs générations. Lire la suite

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Questions chinoises

La Chine restera un moteur de l’économie mondiale

La Chine restera un moteur de l’économie mondiale, car elle dispose d’opportunités d’investissement et de ressources intérieures suffisantes, a déclaré mardi Justin Yifu Lin, directeur et fondateur du Centre chinois pour la recherche économique et professeur honoraire à l’Université de Beijing.
« La Chine poursuivra sa croissance économique et restera le principal moteur de la croissance économique mondiale », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Moscou. M. Lin a écarté les spéculations sur les perspectives négatives de l’économie chinoise, liées au taux de croissance de 2015 qui était plus faible que les années précédentes. « Certaines personnes prédisent l’effondrement de l’économie chinoise. Je pense qu’elles ne comprennent pas la nature de l’économie chinoise », a-t-il dit. « Malgré les inquiétudes entourant l’économie chinoise, les objectifs ont été atteints, comme on peut le voir ». Lire la suite

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Le monde est clos et le désir infini

Daniel Cohen – Albin Michel, 2015

Où va le travail humain
« …tout va au gagnant ! Dans le capitalisme postindustriel, les modes de rémunération tendent à tout donner au « meilleur » et rien au second. C’est le star-system…On l’appelle aussi l’« effet Pavarotti » : pourquoi acheter un autre album que celui du meilleur artiste ? Le phénomène s’observe partout, qu’il s’agisse des musées, des livres, des sportifs, des médecins, des avocats ou des patrons. Surabondante, la société de l’information crée une économie de la réputation qui fait monter de manière disproportionnée la rémunération de celui qui est considéré comme le meilleur. Quel que soit le mécanisme exact, le résultat est sans appel. Aux deux bouts du monde de l’emploi se crée une formidable asymétrie : les salaires vont en haut et les emplois vont en bas. C’est le milieu, la classe moyenne, qui disparaît. L’idéal démocratique qu’elle est censée incarner en est profondément marqué.

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