Archives pour la catégorie Actualités

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Le statut de Taïwan remis en question ?

par Alex Wang1

Le 25 octobre, 1971, par le vote de la résolution 2758, l’ONU attribuait à la République Populaire de Chine le siège de la représentation officielle de la Chine, auparavant occupé par la République de Chine. Un projet de loi américain (Taiwan International Solidarity Act) en fait une relecture orientée qui risquerait d’aggraver la situation régionale déjà tendue.

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Journal de la guerre 15 – Ukraine – février 2023

Des principes de la guerre

La guerre en Ukraine est une tragédie, au sens théâtral du terme, dont les divers actes se succèdent dans le respect des conventions avant de parvenir au dénouement, toujours douloureux, du cinquième acte. Nous en sommes probablement encore éloignés, au milieu du troisième acte sans doute – et j’y reviendrai plus loin – en espérant que le dernier acte ne soit point ultime pour le continent, au pire pour l’humanité. C’est effectivement le propre de la guerre d’être tragique car, selon sa logique, elle tend à aller aux extrêmes. Tel est l’essentiel de la pensée stratégique de Clausewitz d’avoir démontré que la nature de la guerre conduit à l’escalade et à la démesure : la fin y justifie les moyens, et c’est ce qui apparaît dans toute guerre, le chef ne se privant d’aucune des ressources, humaines et matérielles, qui pourraient permettre d’atteindre son but de guerre, à savoir sa propre victoire et en creux la défaite donc l’affaiblissement voire la destruction de l’adversaire. Dans la guerre conventionnelle, cette montée aux extrêmes ne se fait pas en un jour. On l’appelle « escalade » car il faut grimper les nombreux barreaux de l’échelle et surenchérir à mesure des résultats – les échecs notamment – pour espérer l’emporter : nombre d’hommes, qualité et quantité des armements, action psychologique et effroi sur la population, audace manœuvrière et capacité à prendre des risques politiques et stratégiques. Jusqu’à présent et malgré la disproportion des forces en présence, la guerre en Ukraine suit cette logique de l’escalade. C’est celle-ci que nous allons tenter de décrypter eu égard, d’abord, aux épisodes passés, puis, compte tenu de l’environnement mondial et européen, aux évolutions hypothétiques des mois à venir. Lire la suite

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SINOCLE 2022 – Le dragon, roi de la tactique

Chaque culture a son bestiaire managérial. Héritiers de Machiavel et de La Fontaine, en politique comme dans le business, nous tenons le renard et le lion pour des figures tutélaires. Les Chinois ont le dragon et le loup.

Le dragon parce qu’il est l’animal qui traverse tous les mondes et s’adapte à tous les milieux avec son corps qui tient du serpent, du poisson, de la licorne, de l’aigle et du cerf. Animal multiple et transgenre dont la puissance est aussi impressionnante que la plasticité. Le loup parce qu’il a un flair hors-norme, n’a peur de rien, est fulgurant quand il attaque, chasse en meute et reste loyal jusqu’à la mort au chef de la bande. Animal indomptable et dévoué à ses frères, aussi endurant qu’implacable. Dragon et loup sont les deux animaux totems des entrepreneurs chinois, ceux qui inspirent leurs tactiques pour mieux diriger dans l’incertitude comme le raconte brillamment Sandrine Zerbib, la femme qui a fait réussir Adidas en Chine, autrice avec Aldo Spaanjaars de Dragon Tactics.

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La Chine des « cinq cailloux »

Alors que les médias et la littérature spécialisée ne cessent, selon les cas, de dénoncer, de redouter ou d’exalter la néo-puissance chinoise, l’analyse attentive d’un certain nombre de faits laisse à penser que cette vision occidentalo-centrée est peut-être excessive et sans doute décalée. Ce qui suggère ce questionnement réside pour l’essentiel dans ce qui est pour nous une incohérence, en tout cas une absence de logique entre les « attendus » et les résultats apparents, entre ce qui parait problématique et la réalité. Comment un système en plein essor et déjà si puissant pourrait-il avoir autant de « cailloux dans la chaussure », des vulnérabilités et des déséquilibres aussi flagrants dans ses éléments fondamentaux ? Comment la seconde économie mondiale pourrait-elle continuer de progresser sur des bases politiques, économiques, démographiques, environnementales manifestement aussi bancales ? La doxa chinoise poursuit en aveugle les louanges d’un système que le Parti s’empresse d’ériger comme modèle de développement, selon le consensus de Pékin, alors que, selon nos critères, ce système devrait se condamner lui-même, à terme assez proche, au déclin et à l’échec. Lire la suite

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Asialyst – 6 juin 2021 – XI JINPING peut-il rester ?

Itw d’Alex Payette – Asialyst

Les dés son jetés : Xi Jinping sera le Vladimir Poutine de la Chine, son « président à vie ». C’est l’analyse la plus répandue à l’étranger, en particulier en Occident, depuis la fin du 6e plenum du Comité central du Parti, le 11 novembre dernier à Pékin. Voilà un leader « tout-puissant » dans le Parti qui emmène son pays dans une « nouvelle ère », selon l’expression de la « pensée Xi Jinping ». La réalité est pourtant plus complexe. Chroniqueur régulier dans Asialyst, le sinologue Alex Payette explique pourquoi cette analyse ne tient pas debout.

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SINOCLE – 7 janvier 2022 – Là où Dieu n’est pas passé

« J’entends par Dieu un être absolument infini c’est-à-dire une substance consistant en une infinité d’attributs dont chacun exprime une essence éternelle et infinie ». Il restera de toute éternité mathématiquement impossible pour un Chinois, si lettré et philosophe fût-il, d’écrire la proposition VI du premier livre de l’Ethique de Spinoza. Lire la suite

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SINOCLE – 11 novembre 2021 – L’Occident, attraction fatale ou repoussoir stratégique ?

La guerre pour la modernité est une guerre féroce. L’Occident qui s’en est longtemps attribué le monopole n’en est plus le seul héros. De nombreuses puissances émergées ou émergentes lui contestent désormais le titre au nom de leur vision singulière. Et la Chine est devenue l’épicentre de la contestation mondiale du monopole occidental de la modernité. Avec une obsédante question : suffit-il qu’une puissance se modernise pour prétendre à la modernité ? Lire la suite

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Bloc-notes 7 – juillet-août 2021 – suite et fin

Quel que soit à terme le sort de la pandémie à coronavirus, je ne vais pas continuer éternellement d’accompagner ses péripéties, ses trop-pleins et ses déliés momentanés…On n’en finirait pas de commenter, comme je l’ai entrepris depuis dix-huit mois, les défauts de l’analyse, les erreurs d’appréciation et les imbroglios velléitaires de maîtrise de sa propagation. Si la sentence est assurément péremptoire, il faut aussi reconnaître honnêtement que l’art de gouverner dans le brouillard est difficile. Que nous en ayons encore pour quelques mois si la vaccination fait massivement son office de « grande muraille », complétée faut-il le souhaiter par quelque avancée thérapeutique, ou pour plusieurs années à cause de rebonds provoqués par des variants toujours plus intrusifs, le mal est fait si l’on peut dire. Et c’est pourquoi il faut s’en échapper autant que faire se peut et porter le regard bien au-delà ; et ce, avec l’aide de la « méthode » complexe d’Edgar Morin (qui vient de fêter son centenaire), tous azimuts et dans tous les domaines, sans en exclure aucun tant le monde est sensible à tous les vents d’influence et se rassasie à tous les râteliers, surtout s’ils sont abondés par les technologies x.0.

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Bloc-notes 6

Journal Avril-mai 2021

La tribune de « Place d’Armes »

Voilà une initiative (malheureuse) d’une poignée de militaires à la retraite conduite par un « quarteron » de généraux en deuxième section qui va faire couler autant d’encre que de salive. D’abord, et c’est l’essentiel, parce qu’ils ont raison sur le fond : la France fout le camp et chaque jour de délitement nous rapproche d’une catastrophe ; annoncée depuis longtemps par nos édiles, à commencer par Gérard Collomb, orfèvre en la matière, en quittant le ministère de l’Intérieur à l’automne 2018. Ensuite, parce qu’en se présentant ès qualités ils mettent l’Etat régalien en porte à faux : laisser imaginer et surtout croire à un climat putschiste dans les Armées relève d’un abus de confiance effectivement condamnable ; personne ne doit jouer avec l’honneur des Armées même et surtout sous prétexte de défendre celui de la nation. A cette aulne, si défendre l’honneur conduit à mépriser l’intelligence, les auteurs et signataires auraient mieux fait de s’abstenir. Enfin, lorsqu’on écrit une adresse au pays ou aux gouvernants, ce qui est manifestement le cas, on s’entoure de précautions lexicales et syntaxiques, on fait en sorte que « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement » et qu’on parvienne à ne pas prêter à interprétation. Or, le texte est confus ou du moins dans sa formulation prête à confusion : en cas de guerre civile, nos camarades d’active seraient amenés à intervenir ne peut rien signifier d’autre que si, pour maintenir ou rétablir l’ordre républicain, le gouvernement n’a d’autre recours que de faire appel aux forces de troisième catégorie, alors l’armée sera employée dans ce type de mission. Cette hypothèse n’est pas absurde quand on sait à quel point les forces de première et deuxième catégorie (police et gendarmerie) sont à bout de potentiel et ont été ces derniers temps à peine capables de contenir les débordements des émeutiers. Le problème que semblent ignorer ces retraités manifestement peu au fait des réalités militaires contemporaines est que nos Armées dans leur configuration et leur état actuels sont, faute de moyens et d’effectifs, dans l’incapacité de se substituer aux forces de maintien de l’ordre ; sauf à leur venir en appui, ce qui les exclut par définition de l’engagement proprement dit contre la « chienlit » envisagée.

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