Archives de l’auteur : vincent

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Bloc-notes 2 (extraits)

Journal de confinement – deuxième vague

Jeudi 29 octobre 2020 - En ce dernier jour de liberté de mouvement avant au moins un mois de réclusion, j’ai foncé jusqu’aux plages de Chiberta, assez encombrées de familles vacancières qui profitaient du spectacle de la mer et de ce répit qui leur était accordé avant de retourner chez elles pour s’y enfermer. Il est vrai que dans sa furie l’océan était aujourd’hui d’une grave beauté ; blanc d’écume sur plusieurs centaines de mètres, cadencé de rouleaux impressionnants, le monstre marin s’acharnait à submerger la côte. Colère qui vient directement d’Amérique mais qui échoue encore une fois sur les rives du golfe de Gascogne. Jusqu’à quand résisterons-nous à tous ces vents mauvais, ceux de l’oncle Donald le menteur ou ceux des faux sosies du Prophète, étroitement emmêlés de bouffées de ce virus moyenâgeux ? Lire la suite

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ACTUEL 58 – La logique des empires

et la possibilité d’une Europe

Derrière l’écran de fumée des événements internationaux, la vie du monde n’obéit pas seulement aux rapports de forces immédiats : elle est aussi animée par des arrière-pensées. En réponse à tous ceux qui prétendent sans en rien savoir que le « monde d’après » ressemblera à celui d’hier, ce qui a toujours été démenti dans le passé, il faut interroger l’histoire, ses sources et ses invariants, comme la très longue mémoire des peuples, leurs intérêts permanents et leurs obsessions pluriséculaires pour mettre en valeur les lignes de force des bouleversements en cours. Ceux des profondeurs ne se révèlent pas nécessairement par la houle en surface, mais la force et la nature des phénomènes en cours depuis vingt ans conduisent à penser que nous sommes les spectateurs/acteurs d’un changement de paradigme comme on en observe un tous les cent ou deux cents ans1. Lire la suite

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ACTUEL 57 – La Chine et le Monde

essai de compréhension

L’air des relations entre la Chine et une grande partie du monde se rafraîchissait depuis plusieurs années, mais la crise du coronavirus a entraîné un refroidissement sensible. C’est tout à fait surprenant de la part d’un pays aussi engagé sur les cinq continents et aussi dépendant du monde, proclamant fortement son multilatéralisme, alors que la communauté des 193 Etats, tous plus ou moins touchés par cette pandémie, aurait besoin d’entraide et de solidarité. A cet instant historique crucial, la Chine fait comme si cette catastrophe n’était pour elle qu’une opportunité, exploitant à fond la dualité du « weiti », ce mot chinois qui signifie crise en associant deux caractères, celui de danger et celui justement d’opportunité. On aurait aussi pu l’espérer plus discrète alors que, si l’épidémie est née chez elle de façon qu’on veut croire fortuite, ce sont ses atermoiements et ses défaillances qui ont permis qu’elle s’échappe et infecte le monde entier. La responsabilité de la Chine est donc manifeste mais elle la rejette avec vigueur comme s’il lui était impossible d’accepter la réalité et de la regarder en face. Lire la suite

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Les deux visages de la Chine

Les apparences obscurcissent la réalité, en Chine plus que partout ailleurs. Ce pays n’est pas par hasard la civilisation du « non-agir » et celle du « masque », qu’il soit sanitaire ou théâtral. Mais, pour une première fois confrontée à un dilemme qu’elle camouflait autrefois sous la fatalité, la Chine se révèle telle que le XXe siècle l’a modelée, faussement révolutionnaire, naturellement cynique et profondément fragile. Le monstre économique qui a surgi du néant en quelques décennies est un cousin éloigné du Loch Ness, prêt à retourner dans les abîmes si la tourmente continue de secouer le monde.

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ACTUEL 56 – Crise sanitaire et guerre antivirale

Ainsi la guerre est-elle déclarée à cet insolent coronavirus qui perturbe nos vies, sociales et économiques, et met en cause nos libertés. On permettra donc au « stratégiste », même s’il est marginalisé en l’occurrence, de joindre son analyse aux expertises qui font chorus dans les médias. Sans vouloir en quoi que ce soit polémiquer sur l’emploi d’un vocabulaire guerrier pour tenter de faire prendre conscience aux Français, volontiers désinvoltes, de la gravité de la situation sanitaire, il me semble toutefois que ce choix est inapproprié, non seulement parce qu’il est décalé mais surtout parce qu’il pourrait s’avérer dangereux. La guerre est un « état d’exception » dont nous avons oublié l’extrême gravité et la banaliser ainsi à l’occasion d’une « crise » sanitaire aussi sérieuse soit-elle est un abus de langage que nous devrions éviter. On invoque ad nauseam la célèbre phrase de Camus sur les erreurs de dénomination : « mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ». Certes, mais ne faisons pas pire en risquant de tromper les hommes ! Notre vocabulaire ne manque pourtant pas des richesses sémantiques qui permettraient de signifier les choses et les situations ; et, si nous y réfléchissions sérieusement, nous serions sans peine capables de mieux définir cette crise. Mais l’époque pousse aux exagérations et nous avons tellement tendu la corde que plus rien ne vaut ; il faudrait alors aller aux extrêmes pour sembler dire la réalités des choses.

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Sinocle.info – les bonnes pages

1/ Le marteau et l’algorithme

Le narrateur, de retour du Changtang le haut-plateau tibétain qui s’étend du Ladakh à la province du Qinghai, fait une escale à Chengdu, capitale du Sichuan, avant de reprendre l’avion pour Paris. Dernier chapitre de la Panthère des neiges, dernier livre de Sylvain Tesson : « Nous atteignîmes le parc. La fête foraine était réussie. Les haut-parleurs pulsaient, la vapeur des beignets enveloppait les clignotements. Même Pinocchio aurait été dégoûté. Les panneaux n’omettaient pas d’afficher la propagande du Parti. Le peuple chinois avait perdu sur les deux tableaux. Politiquement il subissait la coercition socialiste. Economiquement il tournait dans la lessiveuse capitaliste. Il était le dindon de la farce moderne, marteau et algorithme sur le fanion ». Lire la suite

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ACTUEL 55 – La révolte des classes moyennes

J’avais tenté, dans le précédent ACTUEL, de décrypter la déstabilisation en cours de l’ordre international hérité de l’après-guerre mondiale, en y analysant le jeu de puissances plus soucieuses de leurs intérêts impériaux que du sort de la communauté internationale. A la réflexion et à l’observation des divers événements, il apparaît que ce phénomène de désagrégation est aussi bien le reflet des dysfonctionnements internes des sociétés que l’expression de la volonté de puissance de leurs dirigeants. C’est donc à cet exercice que je vais me livrer ici : comment le désordre du monde provient-il au moins en partie du mécontentement des peuples et de ce qu’on appelle la révolte des classes moyennes ? Lire la suite

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ACTUEL 54 – La fin des alliances ?

La dissolution annoncée et voulue de l’ordre international mérite qu’on en analyse le cheminement et qu’on en mesure les effets, notamment pour la France. Il semble qu’il y ait là une opportunité historique pour notre pays de renouer avec son destin d’indépendance nationale et d’influence mondiale.

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Chine : la double impasse

Le pouvoir du Parti communiste chinois est égal à lui-même et à ses ascendants léninistes ; il se distingue par son dogmatisme, son manque d’imagination et son allergie à tout compromis. Cela ne date d’ailleurs pas du régime actuel : le système impérial faisait également preuve de son obstination jusque dans l’adversité et la défaite. C’est autant cet aveuglement que l’absence de scrupules des « puissances » qui valurent à l’Empire du Milieu ce siècle de revers que l’orgueil chinois a transcendé en « humiliations ».

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ACTUEL 53 – Les Empires contre l’Europe ?

Et si le XXe siècle avait été une anomalie historique, une parenthèse dans le cours cyclique de l’humanité ? Avec 1914 s’ouvre en effet une ère de guerres mondiales et de totalitarismes tout à fait inédite dans l’histoire qui ne s’achèvera d’ailleurs ni en 1945 à l’issue de cette nouvelle guerre de Trente ans qui ruina l’Europe et de ce fait défit le monde, ni en 1989 avec l’écroulement d’un deuxième totalitarisme ; cette ère trouva son terme plus probablement le 11 septembre 2001 avec l’attaque que subit l’empire américain, l’effondrement des tours jumelles de New York et l’irruption du phénomène terroriste à l’échelle mondiale. Ce que l’attentat de Sarajevo contre l’archiduc François-Ferdinand déclencha en juin 1914 trouve sa réplique et son point culminant avec l’ahurissant exploit des terroristes islamistes. Mon but ici n’est pas d’insister sur le caractère « extravagant » de ce soi-disant « court XXe siècle », mais d’oser l’hypothèse que, depuis le début du XXIe siècle et contrairement aux apparences, toutes les puissances qui avaient subi cette « crue centennale » sont rentrées dans leur lit et qu’elles s’efforcent, toutes choses égales par ailleurs, de reprendre le cours des choses formellement interrompues à partir du 28 juillet 1914 et des premières déclarations de guerre intereuropéennes.

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