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Comment faire renaître la confiance de l’investissement privé

Quotidien du Peuple – 16.05.2016

S’enquérir de l’état réel de l’investissement privé, comprendre le « fossé » réel entre le capital local et le capital privé en Chine est essentiel, mais c’est aussi la seule façon d’atteindre véritablement une percée dans le sens d’un coût bas et d’une grande efficacité.
Le Premier ministre Li Keqiang a récemment présidé une réunion exécutive du Conseil des affaires de l’Etat, décidant de procéder à une inspection spéciale sur la situation de développement de la mise en œuvre de la politique de promotion de l’investissement privé, et de s’efforcer d’accroître l’investissement privé. Le Conseil des affaires de l’Etat a également décidé d’envoyer, chose rare, des équipes d’inspection. La réunion a souligné que les équipes d’inspection se concentreront sur la mise en œuvre des documents pertinents émis par le Conseil des affaires de l’Etat en 2014 concernant l’innovation dans les domaines clés d’investissement et les mécanisme de financement destinés à encourager l’investissement social, et choisiront les secteurs locaux où elle mènera ses inspections, en même temps qu’elle procédera à une évaluation en tant que partie tierce.
L’envoi d’équipes d’inspection par le Conseil des affaires de l’Etat a été largement interprété par le marché comme un signal, celui que l’énergie de l’investissement privé est en baisse ; les équipes d’inspection procèderont sur le terrain à une évaluation de la situation de mise en œuvre de la réforme du système de financement des investissements, afin de trouver des raisons de la baisse d’énergie des investissements privés.
De fait, les données récentes sur les investissements privés ne sont pas satisfaisantes : au premier trimestre, le taux de croissance de l’investissement en capital fixe privé a baissé de 7,9 % par rapport à la même période de l’an dernier, n’atteignant que 5,7 %. Dans le même temps, la croissance de l’investissement total en capital fixe s’est montée à 10,7 %. Le contraste est saisissant par rapport à la situation passée, où le solide taux de croissance de l’investissement populaire était souvent plus élevé que la moyenne nationale.
A la différence des investissements publics, principalement centrés sur le bien-être public, la dynamique de l’investissement privé est beaucoup plus souple, et pour lui, il s’agit de voir s’il est possible ou non de gagner de l’argent. Quand il y a de l’argent à faire, tout le monde arrive, et quand il n’y en a plus, c’est chacun pour soi. Les capitaux privés, en tant qu’argent libre sur les marchés, n’ont pas de limite spontanée de seuil d’écoulement, trouver l’endroit le plus rentable est la loi inévitable du développement. La baisse actuelle du taux de croissance de l’investissement privé reflète clairement un manque d’espace pour gagner de l’argent, ce qui a eu pour conséquence que l’investissement privé a, en général, commencé à adopter une mentalité attentiste.
Depuis le début de la réforme et de l’ouverture, le capital privé et les entreprises privées ont été les « poissons-chats » de l’économie réelle. Alors pourquoi même ces « poissons-chats » se trouvent-ils actuellement face au dilemme du manque d’énergie ? D’une part, cela est pleinement lié au développement continu de l’économie de marché et à une concurrence continue, mais plus important encore, d’autres domaines, après l’achèvement d’une pleine concurrence, ont d’autant plus révélé les hauts murs que constituent ceux qui n’ont pas bénéficié de l’ouverture.
Par exemple, les secteurs des énergies de l’eau et de l’électricité, du routier et du ferroviaire, des opérateurs de télécommunications et d’autres encore, sont caractérisés par un monopole de longue date du capital appartenant à l’Etat, et en dépit d’une échelle industrielle plus large, leur efficacité opérationnelle n’est pas élevée ; la situation de monopole a conduit à une concurrence insuffisante du marché, le manque d’approvisionnements efficaces a conduit en même temps à une insuffisance de la demande intérieure, ce qui a également eu pour conséquence qu’un certain nombre d’industries monopolistiques sont devenues un goulot d’étranglement pour le développement économique. Mais en fait, comme ces industries ont tendance à se concentrer dans des secteurs de base, avec une taille de base du marché plutôt vaste, les perspectives de croissance sont bonnes, et il y a des possibilités de gagner de l’argent dans ces secteurs.
En outre, ces murs insurmontables ne résident pas seulement dans l’accès à l’industrie, mais aussi dans l’accès administratif. Par exemple, l’intention centrale première des projets de partenariat public-privé (PPP) était de permettre aux gouvernements locaux de construire une plate-forme de politiques, en coopération avec le capital privé. Cependant, à ce jour, l’avancement des projets de PPP est tombé dans deux directions extrêmes : d’abord, il s’agit de projets avec de bonnes attentes de retours, dont la plupart va à des plates-formes de financement gouvernementales et des entreprises publiques, ne laissant espérer que de faibles rendements pour les capitaux privés, voire de projets où les retours font face à des risques trop grands. L’autre extrême, c’est que les gouvernements locaux ne parviennent pas à saisir avec précision les critères de projets de PPP, mais qu’ils sont aussi désireux de résoudre les problèmes de canaux de financement de la dette locale, et que la direction des investissements de projets de PPP répond pas davantage à des intérêts privés qu’à ceux du service public, à tel point que la presse a même parlé de « pseudo-projets PPP ». Dans ces circonstances, les gouvernements locaux se voient non seulement obligés d’approuver des intérêts commerciaux de façon déguisée, mais ils en arrivent même parfois à prendre plus de risques en raison des garanties gouvernementales.
Ceci est également la raison qui explique cette relation d’amour-haine qui caractérise la coopération entre les gouvernements locaux et le capital privé, mais il est aussi à craindre que le peu de disposition des gouvernements locaux à coopérer avec le capital privé répond à des motivations psychologiques : plus tôt lors de la réunion, le Premier ministre Li Keqiang a dit que « Quand j’ai appris les résultats des enquêtes et des études faites à la base dans certains endroits, il s’est avéré que la population a même forgé un dicton, disant qu’actuellement, les gouvernement locaux ont adopté une attitude de "trois non" à l’égard des entreprises privées : ne pas répondre au téléphone, ne pas accepter de documents, ne pas agir ».
Comme l’a dit le Premier ministre, « Le problème auquel font maintenant face un certain nombre d’entreprises privées, ce n’est pas celui de "portes de verre", de "portes battantes", ou de "portes tournantes", mais bien qu’il n’y ait "aucune porte" ! Je ne sais pas où se trouve la "porte" ! ». Que ce soit pour le capital privé ou pour les entreprises privées, le problème est qu’elles ne font pas seulement face à une porte, mais aussi à des hauts murs, qu’ils soient ceux d’un accès à l’industrie et d’un accès administratif, quand ils ne sont pas même psychologiques.
…L’orientation fondamentale de la réactivation future de l’investissement privé réside dans l’application concrète de ce qui avait été dit lors de réunions précédentes, à savoir « toutes les industries et secteurs pour lesquels les lois et règlements ne l’interdisent pas explicitement devraient encourager l’entrée des capitaux privés, et dans tous les secteurs que notre gouvernement a promis d’ouvrir ou ouvert à l’investissement étranger, le capital privé national doit aussi avoir accès ». Après avoir brisé les murs de l’accès, c’est seulement en améliorant sur cette base les règles d’accès et la mise en œuvre des normes la réalité d’un financement populaire, que l’on pourra restaurer la confiance dans la coopération entre les administrations locales et les capitaux privés, mais également être en mesure de donner un nouveau coup de fouet au « tonus » du capital privé.