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Relever la France, Etat d’urgence

Christian Saint-Etienne, Odile Jacob, 2016

« Ce livre n’est pas politique, il est stratégique : on part du monde tel qu’il est plutôt que d’une vague représentation politique d’un monde idéel.
La France est aujourd’hui mentalement à l’arrêt : pas de diagnostic partagé des problèmes à résoudre, plus de vision commune de l’avenir du pays. Cette atrophie de la vision commune est un cancer irrémédiable, sauf à réagir avec force.
La France est, ou était, un pays politique, au sens où c’est l’adhésion au projet de la Révolution de 1789, qui venait couronner une construction monarchique millénaire de la nation en donnant la souveraineté au peuple, qui fonde, ou fondait, la citoyenneté. Ce projet politique était enrichi par deux millénaires d’histoire partagée sur des fondements gréco-latin et judéo-chrétien. Tout nouvel arrivant dans la communauté nationale était censé assimiler cet héritage, d’où l’enseignement de l’histoire qui commençait par « Nos ancêtres les Gaulois… ». Ce qui était une geste nationale jusqu’à Charles de Gaulle n’est plus qu’une invocation. De plus, beaucoup de nouveaux arrivants se sentent étrangers à ce projet politique, voire menacé par celui-ci dans leurs croyances…
La politique est deux fois morte en France, aujourd’hui. Le projet politique, qui vient d’être évoqué, n’est plus qu’un mythe et la classe politique ne parvient plus ne serait-ce qu’à donner l’impression qu’elle agit selon les valeurs communes pour servir les intérêts fondamentaux de la nation. Au gouvernement, tout est arbitrage entre les différentes factions du parti au pouvoir. Le peuple ne voit plus que le choc des ambitions et des mots de communication. Toutes les transformations à l’œuvre dans le monde ne sont vécues que comme des menaces.
Une double refondation s’impose. D’une part, la politique doit à nouveau s’inscrire dans le roman national. Toutefois, celui-ci doit ouvrir les bras à ceux qui veulent partager nos valeurs, qu’il convient de repréciser dans un esprit d’ouverture afin de refonder une politique généreuse et ferme. D’autre part, nous devons opérer une refondation stratégique conduisant à analyser les transformations du monde qui sont en cours. Ces transformations obéissent à des lignes de force qui, loin de nous menacer, peuvent nous permettre de rebondir.

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[…] Il faut construire une nouvelle organisation de la société fondée sur trois principes-clés : 1/ il y a une hiérarchie de valeurs et de vérité dans les fruits de l’action des hommes, et donc « tout ne se vaut pas » ; 2/ une société libre et forte est fonde sur des droits « d’être » et combat les droits « à avoir » ; 3/ le travail est émancipateur.
La refondation de la France ne peut se faire que sur le travail, l’effort et la recherche permanente de l’excellence. L’excellence résulte du goût pour le dépassement de soi, de la compétition ouverte et transparente entre les hommes, les entreprises et les nations, et de l’évaluation permanente de performances au regard de ce qui se fait de mieux partout ailleurs ».