Abonnés

Testament politique (2)

Cardinal de RICHELIEU

« Il faut en toutes choses agir avec vigueur, vu principalement que, quand même le succès de ce qu’on entreprend ne serait pas bon, au moins aura-t-on cet avantage que, n’ayant rien omis de ce qui pouvait le faire réussir, on évitera la honte, lorsqu’on ne peut éviter le mal d’un mauvais événement […].

Par le passé, la plupart des grands desseins de la France sont allés en fumée parce que la première difficulté qu’on rencontrait à leur exécution arrêtait tout court ceux qui par raison ne devaient pas laisser que de les poursuivre. Et, s’il est arrivé autrement durant le règne de V. M., la persévérance avec laquelle on a constamment agi en est la cause […].

En un mot, rien ne doit détourner d’une bonne entreprise, si ce n’est qu’il arrive quelque accident qui la rende tout à fait impossible, et il ne faut rien oublier de ce qui peut avancer l’exécution de celles qu’on a résolues avec raison. C’est ce qui m’oblige à parler en ce lieu du secret et de la diligence qui sont si nécessaires au bon succès des affaires que rien ne le peut davantage. Outre que l’expérience en fait foi, la raison est évidente, vu que ce qui surprend étonne d’ordinaire de telle sorte qu’elle ôte souvent les moyens de s’y opposer et que poursuivre lentement l’exécution d’un dessein et le divulguer est le même que parler d’une chose pour ne pas la faire. »